Marcel Marloie

Quels types d’êtres humains voulons-nous et pouvons-nous promouvoir pour les siècles à venir ? ​A cette question, les trois figures des paysans libres, des paysans mixtes et des émancipés du servage qui se reproduisent dans le monde d’aujourd’hui, ont quelque chose à nous dire.

​La paysannerie composa plus des trois quart de la population mondiale. Avec des philosophes, des gens d’églises, des écrivains, des femmes et hommes d’action, elle fut en France un moteur de la conquête du développement humain et de la liberté, un pilier de la civilisation occidentale et universelle. Sa destruction commencée à la Renaissance s’achève aujourd’hui dans le monde de l’urbanité. Pour autant, la lutte pour le développement humain et la liberté se poursuit.

​L’analyse socio-historique de l’auteur résultant des recherches qu’il a pu conduire dans le monde des sciences humaines et sociales nous offre un panorama inédit de cinq siècles d’exode rural, qui nous conduit du mouvement des enclosures dans l’Angleterre des Tudors aux collectifs de jardins du Brésil, de Russie et de l’Union européenne. Les analyses biographiques et ethnographiques portent sur ses expériences personnelles d’ancien agriculteur, sur l’observation attentive de sa famille, de son enfance, de son village, des chrétiens sociaux qui ont renouvelé le monde des organisations agricoles.

Il nous fait part des découvertes qui en résultent : qu’il nous faut guérir les séquelles des traumatismes du passé pour ne plus les transmettre à nos enfants et petits-enfants ; et que nous pouvons prendre appui sur l’exceptionnel capital de valeurs forgées au cours des siècles (le goût du travail, l’estime de soi, le sens des responsabilités, le courage, la ténacité, la débrouillardise, l’inventivité) pour poursuivre dans le monde d’aujourd’hui l’éternel combat pour le développement humain et la liberté.

Dans le creuset des privations et des famines de la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle figure du paysan réapparaît au coeur des villes. C’est surtout le cas en Russie. Et le phénomène est allé en se développant.
Ce sont des paysans à temps partiel, bons connaisseurs des sols et des plantes, attachés à leur parcelle dans un collectif de jardins, souvent qualifiée « Mes six ares de terre et de sang », l’utilisant pour reconquérir un peu d’autonomie, survivre aux privations et aux famines, se reconstruire une Vie bonne.
Ce livre résulte de recherches conduites en Russie de 1999 à 2015, et d’enquêtes complémentaires au sein de l’Union européenne.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’occupe des règles régissant le commerce international entre les pays. Mieux valent des règles que l’anarchie ultra-libérale.
Mais la libéralisation doit être permettre l’amélioration sociale. C’est pour ce faire que la FAO, les organisations paysannes et des ONG promeuvent le principe de souveraineté alimentaire et préconisent la prise en compte plus effective des normes sociales et environnementales.
Les réseaux d’ONG demandent à l’OMC plus de transparence et débattent de la manière de collaborer avec elle. Les seize contributions et les documents de ce numéro font état du débat à la suite du Sommet de l’alimentation tenu par la FAO à Rome en novembre 1996.

Du 7 avril au 17 juillet 1994, environ 800 000 ruandais, la plupart des paysans, sont massacrés, hommes, femmes et enfants, par d’autres paysans.
Un évènement qui invite à entrer précisément dans le détail des idées et de leur mise en oeuvre. D’où six propositions spécifiques appuyées sur quarante-deux contributions et documents.
L’Union européenne peut s’inspirer de la manière dont elle a surmonté son racisme et ses guerres. Il faut être beaucoup plus ferme et cohérent dans le soutien à la démocratisation et au respect des droits de la personne humaine. La communauté internationale doit intervenir plus efficacement dès le début des conflits. Les assassins doivent savoir qu’ils n’auront plus de refuge et qu’ils seront jugés.

L’association des organisations des sociétés civiles à la définition et à la mise en oeuvre des politiques de coopération internationale présente de multiples formes. Elles ne sont pas les mêmes pour les puissances néocoloniales ou hégémoniques que pour les pays d’Europe du Nord, le Canada ou l’Allemagne.
En Allemagne, première puissance économique de l’Union européenne, les fondations, notamment Friedrich-Ebert et Konrad-Adenauer, sont des acteurs importants de la définition des politiques de coopération internationale. Davantage qu’en France, cette coopération s’inscrit dans la démarche du projet de pacte social mondial présenté dans le numéro 4.
Les douze contributions présentées dans le présent numéro résultent de recherches et d’entretiens dans ce pays.

Comme son nom l’indique, l’ONU est une organisation des États. Mais dès sa création, elle a associé des organisations des sociétés civiles à la définition et à la mise en œuvre de certaines politiques. Les États autoritaires s’y opposaient.
Au début des années 1990, l’effondrement de l’Union soviétique et de dictatures en d’autres régions du monde change les rapports de force. Le principe est davantage reconnu.
Les quinze contributions et les documents réunis dans ce numéro présentent l’argumentaire de dirigeants d’institutions internationales et de spécialistes en faveur de cette politique. La plupart ont été présentés à une Conférence organisée à San Francisco par l’Institute for Agriculture and Trade Policies.

La démocratie participative proposée par les institutions des Nations unies et l’OCDE implique :
– une meilleure conduite des affaires publiques : bonne gouvernance, élimination de la corruption ;
– le renforcement de sociétés civiles basées sur la libre association ;
– l’association des organisations de ces sociétés à la définition et à la mise en œuvre des nouvelles régulations depuis le niveau local, au national et à l’international.
Réalisé à l’occasion du Sommet pour le Développement social organisé par l’ONU à Copenhague en mars 1995, ce numéro réunit douze contributions obtenues par une enquête dans les institutions internationales (BIT, OCDE, ONU, Banque mondiale, PNUD) et auprès de spécialistes de ces institutions.

A la suite de l’effondrement de l’Union soviétique et de dictatures en d’autres régions du monde, des institutions des Nations unies et l’OCDE préconisent un développement de la démocratie participative. L’agriculture française a vécu cette expérience, ce qui a suscité d’intenses débats.
Les sept contributions et les douze documents d’archives réunis dans ce N°3 exposent la perspective dans laquelle cette démocratie participative avait été promue dans les années 1950 par la génération de militants issus de la Jeunesse Agricole Catholique.
Une invitation aux paysans français de participer à la construction d’une démocratie moderne, et de réfléchir et agir à l’échelle du monde.

L’Accord de l’Uruguay-round conclu le 15 décembre 1994 instaure plus de libre-échange pour les produits agricoles et annonce la création de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en remplacement de l’ancien Accord Général pour les Tarifs Douaniers et le Commerce (GATT). Y aurait-il une place pour que les organisations des sociétés civiles participent à la définition des règles de cette OMC en introduisant des normes sociales comme ce fut le cas dans le passé ?
Les neuf contributions à ce N°2 présentent les enseignements qui peuvent être tirés d’une expérience s’étant référencée à l’internationalisme coopératif. Ce fut la tentative de coopératives du sud du Brésil pour établir des accords directs avec des coopératives françaises afin de réguler le marché mondial du soja à la suite d’un embargo des Etats-Unis à l’été 1973.

Au début des années 1990, les effondrements de l’Union soviétique et de dictatures en d’autres régions du monde ouvrent l’espoir d’importants progrès dans la régulation de la mondialisation.
Cet espoir est expliqué lors d’un colloque organisé à Rio de Janeiro en août 1991 par des ONG brésiliennes, avec l’appui du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).
Les dix contributions à ce premier numéro d’une collection qui en a compté huit ont pour but de le faire partager à un public francophone.

La nouvelle phase de mondialisation engagée depuis la Seconde Guerre mondiale multiplie les interactions entre ce que vivent les paysans français et leurs homologues des autres pays. Elle transforme les rapports sociaux, fragilise les équilibres anciens, érode les organisations de marché qui s’étaient construites depuis le début de la 3ème République.
Des évènements et décisions survenant ailleurs dans le Monde se répercutent dans notre quotidien avec plus de force qu’autrefois. Essayer de se protéger ? Oui là où c’est possible. Et en même temps expérimenter de nouvelles manières de réfléchir et d’agir, du nouveau local, au national, à l’européen, au mondial.